Au cœur de la Côte de granit rose, entre Trégastel et Perros-Guirec, les amoncellements magmatiques de Ploumanac'h ont fait son renom, jusqu'à devenir un des "villages préférés de Français". L'archipel des Sept-Îles à l'horizon, sa réserve d'oiseaux marins uniques en France, ses plages et sentiers de randonnée en font une destination courue en pleine saison, sublime en avant ou arrière-saison, surtout par tempête de vent... ou de soleil.
Porz Rolland et l'ile aux Moines
Le tout début de la Côte de granit rose, c'est ici, à Porz-Rolland. Au loin, l'Île aux Moines, son phare et son fort, seule île accostable, les autres constituant la réserve naturelle abritant la seule colonie de fous de Bassan en France, des macareux, des phoques... Une grande partie du littoral de Ploumanac'h appartient au Conservatoire du Littoral qui en assure la protection.
Le phare de Mein Ru (pierre rouge).
Ces étranges amoncellements sont issus d'une bulle de magma qui n'a jamais réussi à atteindre la surface il y a environ 600 millions d'années. Ce n'est que l'érosion, à raison de quelques millimètres par an, qui a réussi à la mettre à jour. La pluie s'infiltrant a creusé des failles et divisé les blocs, leur donnant d'étranges formes.
Comme celles de vagues pétrifiées...
...de bouteille. On trouve aussi la tortue, la sorcière, l'Egyptien etc.
...ou de tout ce que l'imagination voudra bien vous dicter. Certains rochers semblent en équilibre précaire. Ils sont pourtant en place depuis des millénaires. Ni la violence du vent, ni celle des vagues n'ont jusque-là réussi à les déstabiliser. On dit que seuls les enfants au cœur pur peuvent réussir à mouvoir certaines roches tremblantes. Ce qui est sûr en revanche c'est que la beauté de ces roches au soleil couchant arrive facilement à nous remuer, elle.
On peut commencer par aborder ces chaos en suivant le sentier des douaniers, comme tout le monde (au loin on aperçoit la presqu'île Renote, à Trégastel). Le Conservatoire du littoral a balisé le sentier depuis une vingtaine d'années pour éviter le piétinement désordonné. La lande et la faune s'y sont progressivement restaurées.
Si on préfère la libre expression, on peut aussi faire de la varappe au plus près de la côte. Les blocs sont arrondis et peu glissants (sauf les parties immergées à marée haute). Attention aux lames de fond cependant par jours de tempête; si le spectacle des vagues nous transporte, celles-ci peuvent également nous emporter.
ou encore la longer au ras de l'eau, elle prend parfois un aspect des plus étonnants. La base nautique de Trégastel ou celle de Trestraou à proximité proposent la location, accompagnée ou non, de kayaks, dériveurs, catamarans...
Ou encore mieux en vieux gréement. De nombreux bâtiments ont été restaurés ces dernières années.
Cela donne lieu à des rassemblement chaque année, dont un grand tous les quatre ans, dans le port même de Ploumanac'h.
En dehors de ces festivités, le dundee Sant-C'hireg peut vous emmener au Sept-Îles comme autrefois. Son capitaine, Denis Le Bra,s vous racontera la mer d'ici mieux que personne. Anecdotes piquantes et verbe fleuri garantis.
Port de Ploumanach
Le port de Ploumanac'h, havre de paix toujours en eau. Contrairement au centre-bourg et ses restaurants, souvent bondés en saison, le bistrot du port et le restaurant des Rochers et leur vue au sud sur le port, sont très reposants.
Un port au mouillage, principalement, tout bariolé de vieux gréements par moments.
Le château de Cost Aeres, dressé sur son îlot, dans son fourreau de pins. C'est là que fut écrit le roman Quo Vadis. Colette y séjourna, y écrivit, mais on y vit aussi, dans un registre différent, Eddy Barclay, Mike Brandt, Carlos et Nicoletta...
Dans un registre plus différent encore, voici Sant C'hireg (Saint Guirec) dans son oratoire sur la plage du même nom. Il aurait accosté là, au Ve siècle, venant d'Angleterre dans une auge de Pierre pour évangéliser les autochtones. En fait, les bateaux étaient souvent lestés de lourdes pierres pour les stabiliser, ce qui a pu nourrir la légende. Autre légende, cette fois-ci avérée par les stigmates encore présentes: jusqu'au XXe siècle il était d'usage pour les jeunes filles de lancer des aiguilles sur la statue. Si l'une restait plantée, cela annonçait un mariage. La statue originelle est l'abri dans la chapelle voisine. Sa remplaçante en pierre a plus de mal à recevoir les aiguilles. Cela explique-t-il la baisse des mariages?
La grève Saint-Guirec est un petit paradis à marée haute. En face, on aperçoit le Chapeau de Napoléon, rocher sur lequel Gustave Eiffel testait ses éoliennes. La maison visible appartient toujours à ses descendants.
Non loin de là, le Ranolien, un des plus jolis campings de France.
Le tertre de la Clarté surplombe Ploumanac'h et ses trésors. Peu connu, il offre un des plus beaux points de vue sur la côte. On l'appelle ainsi parce que le seigneur de Barac'h, un jour perdu sur mer en pleine brume, et craignant d'écraser son bateau sur les rochers de Ploumanac'h, promit de bâtir une chapelle en l'honneur de la Vierge à l'endroit où lui apparaitrait la côte. Un rayon de lumière surnaturelle éclaira le tertre (lieu probablement druidique par ailleurs), alors une chapelle fut bâtie:
Notre-Dame de La Clarté, une chapelle toujours ouverte qui a cette particularité d'avoir un chemin de croix peint par Maurice Denis, peintre Nabi, ami de Gauguin, qui habita ici.
Vue sur le tertre et le large, du haut du clocher de Notre-Dame de La Clarté.
Les carrières de granit rose de La Clarté se visitent parfois. Ce granit a revêtu certains des plus beaux monuments parisiens.
Il y a quatre moulins encore visibles dans les environs, dont celui du Crac'h, à La Clarté, toujours en état de marche...
...et les deux moulins à marée sur le port de Ploumanac'h (Ne prononcez par "Ploumanache", mais Ploumanak, ou encore plus breton, avec une jota à l'espagnole. Sinon, dites "Ploum", c'est ainsi que les locaux l'appellent). Ils fonctionnaient à marée montante et descendante, pour moudre le grain, ou le lin.
Du tertre de La Clarté vers Ploum, de belles landes préservées entourent le sémaphore.